Rompre la monotonie du voyage
On -les trois passagers français- est toujours les derniers après le dîner, Georg, l’ingénieur en chef, nous propose un verre de vin en regardant le concert d’Il Divo, un quatuor international de chanteurs d’opéra. Georg l’a déjà vu une centaine de fois. Plus aucun officier n’a envie de l’accompagner. Mais Georg, grand amateur d’opéra -encore un cliché à balancer par dessus-bord- a surtout envie de parler. Du cargo, de son travail, de la vie à bord. Si les passagers peuvent être une charge, ils rompent aussi la monotonie du voyage. Le porte-conteneur, c’est pour gagner de l’argent. Ce qu’il aime, c’est embarquer sur des navires de recherche, comme la fois où, dans les Caraïbes, il était entouré de scientifiques et ingénieurs chargés d’installer des câbles de télécommunication sous-marins, à quelque 2000 km de pronfondeur. Georg a commencé à naviguer à 16 ans, comme apprenti.
Le cargo tangue de plus en plus. Je garde mon verre à la main par précaution. De retour dans ma cabine, je suis bien contente de pisser assise. Je pose tout par terre, l’ordinateur portable, les bouquins, l’appareil photo. Chaise, table, chaîne Hi Fi, tout est solidement accroché.
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