17 juillet, 2006

Sharon


J’invite Sharon (au fond à gauche sur la photo) à se joindre à nous après son service. Sharon est un des seuls membres d’équipage à bord qui, en tant que steward, côtoie de près les officiers. Tout le monde l’aime bien à bord. « Un type efficace, qui a toujours le sourire, un type capable de supporter les dures conditions hivernales sur un cargo», me confie Georg. Sharon a une mère japonaise, un père philippin. Il a été cuisinier sur pas mal de cargos japonais, mais il préfère les bateaux allemands. « Ils paient mieux et savent le dire quand ils apprécient quelque chose », dit Sharon.
Son rêve ? Faire le commerce de voitures, sa passion, chez lui, aux Philipines. Mais il n’a pas encore assez d’argent pour ça. Le capitaine lui propose de faire pression pour que la compagnie Hapag Lloyd renouvelle son contrat sur l’Eilbek. « Thank you, Sir », dit Sharon.

“Sir”, une marque de déférence qu’utilise tous les subordonnés envers les officiers. Une marque qui rappelle que, même si Sharon est invité à s’asseoir à notre table, il demeure notre serviteur. Quand l’officier en second, assis juste derrière la tireuse, veut une bière, il tend son verre à Sharon, assis bien plus loin, pour se faire servir. Peu importe que Sharon ait terminé son service.
Georg, en revanche, est beaucoup plus respectueux. Ça se voit à ces petites choses, le fait de se lever pour faire lui-même son café et, du coup, celui du capitaine, la façon dont il plaisante avec Sharon aussi. D’égal à égal. Tous les officiers ne se comportent pas comme Tintin au Congo. Mais tous les Philippins, même les officiers, font comme s’ils étaient face à Tintin au Congo.