17 juillet, 2006

Amador, le cuistot


10h30. Dans la cuisine, deck 7, Amador le cuistot prépare une soupe à l’oignon pour le midi. Philippin lui aussi, plus de 10 ans de mer et une expérience de cuisine sur des sites d’extraction pétrolière en Lybie et en Arable Saoudite qui employaient des centaines de Philippins. Amador me sort une blague : « Pourquoi les Chinois ont-ils les yeux bridés ? » Devant mon air interrogatif, il se lance : « Parce qu’ils se tiennent toujours comme ça à table », fait-il, le menton dans les mains, étirant les yeux avec ses doigts.

A bord de l’Eilbek, il commence tous les matins à 6h, fait une pause d’une heure trente à 13h, et reprend son service jusqu’à 19h30. Tout ça pour 1500$ américains par mois, plus que ce qu’il pourrait jamais gagner en travaillant dans son pays. Après neuf mois de mer, il retrouvera sa famille dans la banlieue de Manille. Amador s’adapte à la nationalité des officiers. Charcuterie le matin, eggs&bacon, saucisses pour le petit-déjeuner des Allemands. Plutôt riz pour les marins philippins. Mais à part le matin où les goûts diffèrent, tout le monde a droit au même repas, mix de cuisine européenne et asiatique. Où les beignets aux crevettes croisent steaks saignants et choux de Bruxelles. Les six plaques chauffantes, le four, les planches à découper… C’est l’univers d’Amador, d’où il ne peut que rarement s’échapper.